![]() |
11 septembre 1997 ![]() |
Profil
André Ségal reçoit le premier
Prix d'excellence en enseignement
de l'Université Laval et le Prix 3M Canada
Professeur titulaire au Département d'histoire, AndréSégal est le premier récipiendaire du Prix d'excellence en enseignement de l'Université Laval. Décerné annuellement par le Réseau de valorisation de l'enseignement, ce prix institutionnel , d'une valeur de 10 000 $, vise à reconnaître la stabilité et la fidélité de l'engagement d'un professeur envers l'excellence en enseignement aux trois cycles de la formation universitaire. Comme un honneur ne vient jamais seul, André Ségal a mérité récemment le Prix 3M de reconnaissance en enseignement, décerné par la multinationale 3 M Canada et la Société pour l'avancement de la pédagogie dans l'enseignement supérieur (SAPES). Ce prix est remis annuellement à une dizaine d'universitaires canadiens s'étant distingués par leurs initiatives et leurs réalisations dans le domaine de l'enseignement et dont les qualités de leadership ont amélioré l'enseignement et l'apprentissage universitaires.
"L'enseignement, c'est ma vie", lance André Ségal, qui se dit particulièrement touché de recevoir - et d'être le premier lauréat - du Prix d'excellence en enseignement de l'Université Laval. "Je sais que beaucoup d'étudiants ont investi de leur temps pour soutenir ma candidature dans ce projet. Pour tout dire, les manifestations d'affection me touchent davantage que les honneurs." Modeste, ce médiéviste de renom affirme avoir été aidé dans sa carrière d'enseignant "par (sa) médiocrité de chercheur", au cours de ces 30 dernières années où il s'est employé avec fougue à communiquer sa passion de l'histoire à plusieurs générations d'étudiants.
Sa marque de commerce
Au nombre des cours qu'il a créés et qui portent en quelque
sorte sa "marque de commerce", citons le grand cours d'introduction
à l'histoire médiévale, cours de base de la première
année du baccalauréat en histoire, auquel ont assisté
bon an mal an une centaine d'étudiants depuis 1981. Citons encore
Introduction aux concepts de l'histoire, cours méthodologique
de premier cycle où André Ségal se donne comme principal
défi d'inventer une formule pédagogique susceptible de faire
progresser les étudiants dans leur apprentissage. Comment rejoindre
tout ce monde? Comment les faire travailler et les intéresser à
l'histoire, "une discipline, rappelle-t-il, dont le potentiel culturel
est exceptionnel"? Toutes ces questions sont fondamentales pour André
Ségal dont la devise est: "L'étudiant avant la matière":
"En tant que professeur, on est responsable de la croissance des étudiants, souligne-t-il. D'où l'obligation de leur fournir les outils nécessaires à cette croissance. Ainsi, plus le groupe est grand, plus il doit y avoir interaction entre l'étudiant et le professeur. Le véritable apprentissage passant par la rétroaction, les travaux et examens doivent être corrigés et remis dans les délais les plus courts. Finalement, il faut toujours avoir en tête qu'on doit, en tant que pédagogue, faire faire aux étudiants des choses qu'ils sont incapables de faire de prime abord." Considérant que "les étudiants des années 1990 ne sont pas les mêmes que ceux des années 1980", André Ségal n'a pas hésité, au fil des années, à rebâtir périodiquement ses cours "au goût du jour", toujours dans cet esprit de donner le meilleur de lui-même à ses étudiants, qui lui reconnaissent d'ailleurs d'immenses qualités.
Un grand vulgarisateur
Parmi ceux-ci, Marie-Claude Boily parle notamment de "rigueur intelligente"
de la part d'un professeur qui fait d'abord et avant tout confiance à
ses étudiants. "Il ne nous traite pas comme une quantité
négligeable, mais comme des personnes importantes et intelligentes.
En fait, on l'aime ou on le déteste, parce qu'il est très
exigeant, autant envers lui qu'envers les autres. Chose certaine, il ne
laisse personne indifférent."
"Quand il parle, toute la classe est suspendue à ses lèvres, affirme pour sa part Catherine Héroux. Son discours est toujours très clair et très organisé." Maintenant étudiante à la maîtrise en histoire à l'Université de Toronto, elle dit se référer à tout moment à la fameuse "trousse de documents" remise par André Ségal aux étudiants du cours Initiation aux concepts de l'histoire et qui vise à leur donner les moyens d'une démarche personnelle de réflexion sur la pratique historienne actuelle.
Presque dix ans après avoir effectué sa maîtrise en histoire sous la supervision d'André Ségal, Pascal Lapointe, journaliste à La Presse, ne tarit pas d'éloges sur "cet homme doté d'un grand charisme, pour qui l'histoire ne constitue pas une série de dates à apprendre bêtement par coeur mais bien un moyen d'en savoir davantage sur la vie des gens": "Il insistait beaucoup sur la nécessité de mieux connaître le passé pour mieux comprendre le présent. Grand vulgarisateur, il avait une facilité étonnante à trouver le bon mot et la bonne image pour frapper l'imagination des étudiants et leur permettre ainsi d'aller plus loin."
Tout au long de sa fructueuse carrère, André Ségal ne cesse d'innover, mettant au point un "journal de bord" comme instrument d'apprentissage autonome et d'interaction pédagogique (La formation de l'espace européen). Il innove aussi dans les pratiques d'enseignement à distance, par des séries télévisées (Les origines de l'Occident) et par de l'enseignement de terrain (Voyage d'études en Europe médiévale) ou d'histoire appliquée en milieu de travail (Communication de l'histoire). Il prépare actuellement un nouvel outil pour l'auto-apprentissage raisonné des contenus historiques, Chronomaître, un jeu didactique informatisé.
Adieu, monsieur le professeur
Parallèlement à ces activités d'enseignement, André
Ségal met ses capacités exceptionnelles de pédagogue
à la disposition de la communauté universitaire. Fondateur
du GEPÉPA (Groupe professoral pour l'étude de la pédagogie
appliquée) en 1991, il a collaboré avec le Service des ressources
pédagogiques en tant que membre du comité-conseil, de 1992
à 1996. Il intervient comme conseiller dans le volet pédagogique
du Programme d'accueil des nouveaux professeurs depuis 1992. Il a été
associé étroitement à la création du Réseau
de valorisation de l'enseignement (1996). Simultanément à
toutes ces activités, il multiplie les communications, les conférences
et les publications sur la pédagogie, la didactique de l'histoire
et sa communication sociale.
Quand on lui demande de raconter son plus beau souvenir en 30 ans de carrière, André Ségal réfléchit un peu avant de répondre avoir été particulièrement touché par un hommage que lui ont rendu ses étudiants du cours pratique en communication de l'histoire, l'année dernière. "C'était le dernier cours du trimestre et les étudiants devaient me rendre leurs travaux. En rentrant dans la classe, à la fin de la pause, j'ai trouvé un énorme gâteau avec l'inscription "Adieu monsieur le professeur". Je n'oublierai jamais ce moment." Parions que les étudiants, eux aussi, n'oublieront jamais.